La langue est l’aspect le plus visible de l’identité québécoise. Mais elle semble aussi constituer la quintessence de l’être québécois : pour ceux qui défendent à outrance le parler québécois, il est le symbole de la fierté et de la survivance collective; pour ceux qui l’attaquent, il incarne l’étroitesse et le défaitisme d’un « petit peuple ».
Les Québécois ont réussi à préserver le noyau de leur identité et ils sont très conscients de l’effort collectif que cela a comporté. Mais ils ont, eux aussi, payé un prix considérable : l’insécurité, le doute sur soi, l’ambivalence se sont inscrits dans l’identité elle-même. Le Québécois est tiraillé entre la crainte d’être trop soi-même – ce qui implique se replier sur une identité infériorisée – et la tentation d’être autre chose que soi-même. Dans ce cadre, la langue est devenue le gage ultime d’authenticité. Soyons clairs : l’identité québécoise ne se réduit nullement à la langue. Mais la langue est le miroir qui permet aux Québécois de se reconnaître en tant que tels. Il n’est donc pas surprenant qu’elle soit investie par des hantises et des fantasmes que les étrangers – ceux qui ne partagent pas leur mémoire comme peuple – ont du mal à percevoir.
SOC2005-DÉMOCRATIE, CITOYENNETÉ ET PLURALISME
Hiver 2008 - Prof. Victor Armony - Université du Québec à Montréal
jeudi 10 avril 2008
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