Le compromis keynésien est basé sur le « rôle essentiel joué par les redistributions égalitaires de l'État et la gestion macro-économique pour accélérer l'accumulation capitaliste et favoriser en même temps l'harmonie sociale » (Samuel Bowles et Herbert Gintis, La démocratie post-libérale : essai critique sur le libéralisme et le marxisme, 1987). L'État keynésien, par le biais des politiques sociales (des systèmes universalistes de protection sociale et de réduction des inégalités), peut stimuler la demande effective en augmentant les dépenses publiques et en réduisant les impôts.
D'après Jacques Donzelot (L'invention du social : essai sur le déclin des passions politiques, 1984), la technique assurantielle du keynésianisme vise l'élimination de la question de la responsabilité individuelle dans la sphère des relations sociales, en rendant l'État responsable du devenir de la société. La définition solidariste de l'État-providence, par laquelle toute la société est impliquée dans le mécanisme de réparation des troubles engendrés par son organisation, comporte en effet la substitution à l'exigence morale de justice le principe d'une réparation sociale de préjudices par nature aléatoires. À travers le principe d'une promotion du social (augmentation des chances de chacun par la réduction des risques de tous), l'État devient le responsable effectif du progrès social et prend en charge les leviers de la destinée collective. Dans les mots de Donzelot : « À la base de ce renversement des rapports entre l'État et la société, on a trouvé essentiellement une opération d'élision de la notion de responsabilité dans le champ des rapports sociaux ».
SOC2005-DÉMOCRATIE, CITOYENNETÉ ET PLURALISME
Hiver 2008 - Prof. Victor Armony - Université du Québec à Montréal
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